« Une veuve en désespoir »
Par Egide Nikiza
Catherine est veuve depuis quinze ans. Son mari lui a laissé quatre enfants : trois garçons et une petite fille. Malgré son maigre salaire d’enseignante à l’école primaire, Catherine s’en sort bien. Elle s’occupe de sa famille et veille surtout sur sa benjamine Gloria, élève en 3ème scientifique au lycée du Lac Tanganyika. Avec le soutien de son beau-frère Dominique, employé à la SOCABU, Catherine parvient à supporter les études universitaires de ses deux fils aînés. Elvis, l’aîné de la fratrie, doit décrocher sa licence en Droit dans moins d’une année à l’université Lumière de Bujumbura. Il en est déjà à la rédaction de son mémoire. Armand, le second, est quant à lui en 2ème année de médecine à l’Université du Burundi.
Catherine s’en enorgueillit et elle est rassurée quant à son avenir. Quand je serai déclarée persona nona grata à la fonction publique, ce sont ceux-là qui me prendront en charge. Se dit-elle au fond d’elle-même. URUKWAVU RURAKURA RUKONKA UMWANA (Etant vieux, l’on compte sur sa progéniture).
Catherine prie pour que les deux cadets puissent emprunter le chemin de leurs grands frères. Elle ne rate jamais la messe matinale à la paroisse Sainte Anne de Musaga, à proximité de laquelle sa famille est établie. Pour celle du soir, elle n’y va que les weekends et pendant les vacances.
Catherine n’a pas de domestique. Elle prépare elle-même le repas pour ses enfants, toujours plongés dans les notes sous son œil vigilant.
Si vous n’étudiez pas très bien, vous n’aurez pas d’emploi, leur répète-t-elle souvent. Etudiez et lisez beaucoup, l’école est un véritable canal d’ascension sociale, leur rappelle-t-elle incessamment.
Gloria, qui entend sa mère leur répéter souvent la même chanson, en arrive à vouloir chercher la raison.
Elle prie à l’église Pentecôte du Salut et le pasteur leur tient toujours un discours aux antipodes de celui de sa mère. « Dieu vous donnera tout ce dont vous avez besoin. Il ne vous laissera jamais dans le dénuement ». Ainsi les rassure le pasteur presque tous les dimanches.
« Quand vous priez pour demander quelque chose, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera donné (Marc 11,24) »
Gloria croit plus que quiconque en cette assertion biblique et elle la garde avec fierté. Pour ce faire, elle est dans l’incompréhension face à sa mère anxieuse et dont les propos sont toujours inquiétants.
Mais maman, pourquoi tu nous parles souvent de ce que nous aurons du mal à arracher un boulot ? demande alors Gloria à sa mère.
C’est un vendredi soir. Catherine est à table avec ses quatre enfants. Même le médecin en herbe, qui avait gagné le campus une semaine plus tôt pour la préparation de son examen, est à la maison.
Très bonne question ma fille, dit Catherine à Gloria. J’ai l’impression que tu commences à voir loin! S’exclame-t-elle avec un sentiment de satisfaction.
C’est la trêve pour le réveillon et le nouvel an. Pour ce, Catherine ne va pas diriger ses pas vers la chambre tout juste après le manger, comme elle en a l’habitude. Elle interpelle alors ses fils.
Qu’est-ce que vous en pensez les gars? Catherine les invite dans un débat qui n’est jusqu’alors qu’entre elle et sa benjamine.
Une minute s’il vous plaît ! Nous interviendrons dès que nous aurons terminé de casser la croûte, lui répond Yvan, finaliste en informatique de maintenance à l’ETS Kamenge.
Tu as raison Yvan, intervient Armand simultanément. Quoique notre sœur pose une question pertinente, mangeons d’abord et parlons-en après. NTAWUVUGANA INDYA MU KANWA (On ne parle pas avec de la nourriture dans la bouche).
Mais, je ne vous comprends pas vraiment! Lance Gloria, impatiente d’entendre ce que sa mère et ses grands frères pensent de son interrogation. Est-ce la langue qui mange ou est-ce la bouche? Leur demande-t-elle avec insistance.
Pendant tout ce temps, Elvis penche la tête vers son assiette. Taciturne, l’aîné dont la sagesse est connue de toute la famille, suit tout de même la conversation mot à mot.
Est-ce la langue qui mange ou est-ce la bouche ?
Elvis s’étonne de cette interrogation de sa sœur qu’il trouve plutôt énigmatique. Avec un air pensif, il continue toutefois à vider son assiette. C’est presque la fin du repas.
Catherine n’a pas mangé au vrai sens du terme. Elle l’a fait presque. Elle a picoré dans son assiette il y a de cela quelques minutes. Elle se contente par la suite d’une papaye au citron. Elle veut en finir avec la constipation dont elle souffre depuis la veille.
Au bout d’une dizaine de minutes, Yvan enclenche la discussion.
C’est lui qui, entre temps, doit débarrasser la table. Ils le font à tour de rôle. Exception pour la maman. Les tâches sont réparties. La maman quant à elle s’occupe de faire bouillir la marmite.
Pendant qu’il effectue ses navettes entre le salon où la famille vient de dîner et l’évier de la cuisine où se fait la vaisselle, Yvan dit à sa mère:
Maman, Gloria est non seulement ingénue mais elle boit aussi les paroles d’endormissement de ces « marchands de la Bible ».
Marchands de la parole de Dieu ! Etonnée, éberluée, abasourdie, Gloria proteste contre les propos peu amènes de son frère.
Tu dépasses les limites cher frère, lui souffle-t-elle illico. Ces gens-là sont dignes de respect. Si nous arrivons à tenir, c’est parce qu’ils prient inlassablement pour nous. Les pasteurs prient pour tout le monde et comme le bon Dieu nous aime tous, l’arrosoir divin humecte et le champ de ses fidèles et celui des pécheurs.
Ils ne sont pas vendeurs de la bible comme tu veux nous le faire croire, ajoute Gloria, protestante convaincue, qu’aucun argument ne peut vraisemblablement détourner de sa foi.
Quoi qu’Yvan vienne de faire une digression, intervient Armand, jeune catholique très pieux, je pense que son analyse vis-à-vis du comportement de certains pasteurs est vraiment objective. Et je ne vois pas alors pourquoi tu te sens personnellement attaquée, dit-t-il à Gloria.
Waouh ! Même Armand, que tout le monde prédestinait au sacerdoce deux ans plus tôt, se range derrière ma réflexion, jubile Yvan, envouté et réconforté de la réaction de son grand frère.
Armand ne peut pas soutenir sa sœur dans des propos peu réfléchis. A la fac, comme à la maison, personne ne remet en cause son intégrité. En même temps, il ne veut pas non plus l’indisposer. Alors, il essaie vainement de satisfaire à la fois son frère et sa sœur.
Eh jeune homme, s’adresse-t-il à Yvan, pourquoi affirmes-tu que je te rejoins du moment que je ne parle que de certains pasteurs ? Tu dois faire preuve de discernement, sans quoi tu serais en train de chanter victoire alors que le jeu est toujours en cours; ajoute-t-il pour ménager la benjamine.
Mais, s’exclame Catherine passionnée de la qualité de l’échange, j’ai l’impression que vous avez déplacé le centre d’intérêt de la question soulevée. La discussion est certes très intéressante cependant, vous aurez du mal à étancher la soif de votre sœur.
Jusque-là, Elvis les a tous écoutés, entendus et compris. Il a su aussi peser les arguments de tout un chacun. C’est lui d’ailleurs qui est le mieux placé pour expliquer un phénomène d’ordre social.
La maman est détentrice d’un diplôme d’institutrice D7 ;
Armand n’a que le bulletin réussi de 1ère année à la faculté de médecine ;
Yvan est sur le point de décrocher son diplôme du secondaire ;
Quant à Gloria, elle vient de commencer, il y’a juste trois mois, le cycle supérieur du secondaire.
Il n’y’a qu’une seule personne qui n’a pas encore pipé mot, dit Catherine. Et j’ai l’impression qu’elle veut se faire prier. Ajoute-t-elle, rieuse, en fixant son fils aîné.
Qui est-ce maman? Demande immédiatement le concerné.
C’est toi-même Elvis, lui répond-t-elle sans attendre une seconde.
Ok! dit Elvis que toute la famille se met habituellement à écouter aussitôt qu’il ouvre la bouche. Je ne me fais pas prier maman et je ne l’ai jamais fait surtout quand j’échange avec ma famille. Lui-dit-elle, égrenant les mots après les autres telles les perles d’un chapelet.
Avant de dire quoi que ce soit dans toute discussion, il faut écouter minutieusement les idées des uns et des autres. Elvis garde cette phrase au fond de lui-même depuis la 1ère année à l’université. Prof Silas, politologue, la répète souvent à ses étudiants et Elvis en a été un.
Pendant que vous vous exprimiez, s’adresse Elvis à sa mère et à sa fratrie, non seulement j’écoutais mais aussi cogitais sur ce que vous disiez. Que puis-je dire alors par rapport à l’interrogation de Gloria et à l’intervention du camarade Yvan? S’interroge-t-il devant ses frères qui n’ont pas vu l’heure avancer.
Il est minuit moins le quart. Cependant, personne n’est encore allé au lit. Même la benjamine et la maman, qui s’endorment généralement tôt, sont restées debout.
La discussion passionne tout le monde. Gloria est impatiente d’entendre ce que pense Elvis par rapport au chômage dont parle souvent la maman quand elle les exhorte sans répit à s’atteler aux études. Catherine, quant à elle, ne peut pas aller se coucher pendant que sa progéniture échange sur une question, qui non seulement hante les faibles et les puissants mais aussi engage l’avenir des siens auxquels elle est tant attachée.
Comme elle est en vacances depuis une décade, le temps est moins compté pour elle.
Pourtant Yvan, dont l’intervention a entraîné les autres à réagir, les implore de remettre la discussion au lendemain.
Je m’étais dit que j’allais quitter cette pièce le dernier. Néanmoins, il semble que ce doit être moi qui veuille aller dormir le premier. Leur révèle-t-il depuis le canapé sur lequel il s’est jeté aussitôt qu’il ait terminé de débarrasser la table.
Tu sollicites donc le coucher? Lui demande Catherine.
Oui maman, répond Yvan avec une voix difficilement audible.
Yvan est rentré fourbu. Il a passé l’après-midi à jouer au basketball. Aussitôt la fin de sa sieste, à 16h, il avait rejoint le terrain. Il lui est donc plus pénible de résister au sommeil qui le terrasse depuis quelques minutes.
Bon! S’exclame Catherine. Il est presque minuit et j’ai l’impression que ce n’est pas qu’Yvan qui veut aller au lit. Cependant, comme nous allons dormir sans avoir discuté le fond de la question de Gloria, c’est comme si nous gardons une dette dont nous devons nous acquitter en moins de trois jours, conclut-elle avant que chacun ne dirige ses pas vers la chambre à coucher.
Deux jours plus tard.
Nous sommes le dimanche matin. C’est le jour consacré à la prière. Excepté la benjamine, tous les autres s’abreuvent à la sainte et apostolique église catholique.
Catherine est debout dès le petit matin dans la perspective du culte de 6h30. C’est elle qui va s’occuper du ménage pendant que les siens seront allés prier à leur tour. A 6h00, Catherine est sous la douche. A 6h15, elle est en route pour l’église. Son domicile se situe à 10 min de la paroisse.
Dans moins de deux heures, elle sera de retour. Avant de partir, elle informe ses enfants, encore à moitié endormis, qu’elle va s’occuper de la cuisine mais qu’ils devront garder à l’esprit le rendez-vous de 16h pour la poursuite de la discussion de l’avant-veille.
Catherine veut que ce ne soit pas à elle seule de répondre à la question préoccupante de sa fille. Sachant que les idées de ses fils sur la question sont proches des siennes, elle cherche à inculquer à jamais à sa benjamine les propos qu’elle leur a toujours répétés. Comme je ne les vois réunis que les week-ends, se dit-elle, je dois profiter de ces moments pour qu’ils m’aident à convaincre Gloria.
Catherine débarque à la paroisse cinq minutes avant le début de la messe. Dès son arrivée, elle trempe ses doigts dans le bénitier creusé juste près de la porte, s’incline et fait le signe de la croix. Elle est entrée par la porte principale, celle qui mène tout droit à l’autel. Elle lève par la suite ses yeux pour chercher un siège. Elle s’assoie généralement non loin de l’autel. Elle regarde à gauche et à droite. Elle ne trouve aucune place non-occupée. Tout à coup, elle aperçoit une chaise vacante à proximité des choristes. Cela fait plusieurs années qu’elle a quitté la chorale mais elle fait semblant de la réintégrer, le temps d’une messe, pour pouvoir occuper la chaise vide.
Si toute homélie attire l’attention de Catherine, celle de ce dimanche n’a pas d’égale. Elle n’en croit pas ses oreilles. L’abbé centre son enseignement sur la complémentarité de la foi et la détermination au travail. On dirait qu’il était parmi nous avant-hier quand nous échangions sur presque le même sujet, se dit Catherine au fond d’elle-même. Si Gloria était avec moi en ce moment, elle aurait pu faire la comparaison avec les enseignements de son pasteur.
La foi n’exclut pas toute sorte d’initiatives. Sont malheureux ceux qui ne travaillent pas, y compris les chrétiens qui pensent qu’ils auraient une manne tombée du ciel. Nous ne mangerons que lorsque nous aurons sué. Répète l’abbé Apollinaire dont la seule douceur de la voix suffit à convaincre les fidèles.
L’abbé Apollinaire vient fraichement de rentrer des USA, où il s'était rendu deux ans plus tôt, en raison de son master. Il est revenu imbibé du mariage parfait entre le capitalisme et le christianisme américain. A la tête d’une paroisse, dont les chrétiens sont pauvres ou presque, l’abbé Apollinaire s’est évertué dès sa nomination à contribuer à l’élévation du niveau de vie de ses ouailles. Entre autre en faisant passer, à travers ses homélies, des messages incitant au travail.
Aussitôt la messe finie, Catherine dirige ses pas vers son domicile. Il est presque 8h30. Elle croise Armand qui va au culte de 8h45.
Catherine va passer toute la journée à la maison avec son fils aîné. C’est à elle de s’occuper du faitout et quant à Elvis, il s’enivre comme il en a l’habitude généralement tous les dimanches matin. Elvis va à l’église rarement. Le dimanche précédent, il y est quand même allé parce que c’était le jour de noël et que sa mère l’y avait contraint.
Catherine est de nature patiente. Cependant, ce jour-là, son œil ne quitte pas sa montre. Elle ne pense qu’à la discussion qu’elle va avoir avec ses enfants.
Cela fait plusieurs jours que je trouve Gloria sceptique par rapport à mon inquiétude en rapport avec le travail dans ce pays. Ses frères vont aujourd’hui la mettre sur la voie convenable. Se dit-elle au fond d’elle-même.
12h30, le repas est prêt. Toute la famille est installée au salon, excepté la benjamine Gloria. Elle n’est pas encore rentrée. Elle a participé à la sainte scène. Elle va arriver dans 30 minutes. Elle a annoncé son arrivée pour 13h. Gloria a envoyé un texto à sa mère. Catherine veille sur elle comme du lait sur le feu. Gloria ne quitte jamais la maison sans que sa mère ne sache exactement où elle va.
13h30 sonne et Gloria n’est pas encore à la maison. Elle n’est même pas dans les parages. Est-elle toujours à l’église ? Est-elle passée saluer une amie ? Est-elle en cours de route ? Sa mère, seule au salon pendant que les autres font la sieste, n’en sait rien. Elle essaie même de la joindre au téléphone. En vain. Elle est injoignable. Son portable est éteint.
Où es-tu ma fille ? Demande-t-elle à Gloria qui ne peut même pas l’entendre.
L’horloge affiche 14h et Gloria n’est toujours pas arrivée. Catherine commence à s’inquiéter. Elle prend son téléphone et appelle tour à tour ses sœurs auxquelles Gloria rend souvent visite le dimanche. Cela m’étonnerait qu’elle soit allée voir ses tantes sans me le dire, se dit Catherine tout en gardant l’espoir que sa fille soit en bonne santé. Mais aucune réponse à tous ses appels ne rime avec ce qu’elle voudrait entendre.
Catherine ne sait plus sur quel pied danser. Elle alerte ses fils. Il est entre temps 14h25. Elle dirige ses pas vers les chambres de ses fils. Elvis dort seul et ses deux petits frères partagent une chambre.
Réveillez-vous! Je m’inquiète pour votre sœur. Dit-elle à chaque fois qu’elle toque à la porte.
Tiens! S’exclame Yvan. Gloria n’est pas encore revenue ? Je pensais que vous nous appeliez pour la discussion.
En moins d’un quart d’heure, ils ont tous rejoint leur maman au salon. Désemparés, ils ne savent pas quoi faire. Personne ne parle à l’autre. Ils sont tous pensifs. Chacun parle avec lui-même.
Catherine égrène tout de même son chapelet. Elle a perdu le nord et le Sud. Elle a toujours été très attentive à ses enfants, particulièrement Gloria qu’elle ne quitte jamais de vue. Elle la suit, même à distance. Elle prend de ses nouvelles à chaque instant.
Il est 16 heures moins 10 minutes. Catherine ne pense toujours qu’à sa benjamine dont elle n’a aucune nouvelle depuis le message qu’elle a reçu de sa part. Plus de trois heures ont passé. Catherine se sent très fatiguée. Cependant, elle ne peut pas regagner sa chambre. L’inquiétude et le stress ne lui permettent aucun repos.
Yvan est sorti prendre l’air. Mais il ne va pas loin. Le retard inhabituel de sa sœur l’a fortement marqué. A chaque fois qu’il aperçoit une jeune fille qui passe, l’image de Gloria l’effleure.
Depuis 30 minutes, il marche à petits pas, seul, dans une ruelle quasi déserte. Yvan se lasse. L’heure avance rapidement. Le soleil va bientôt se coucher. Il retourne à la maison. Il trouve la famille désespérée. Le silence est total comme si la famille était déjà plongée dans le deuil. Gloria leur manque fortement. Son absence les marque tous.
De la discussion initialement prévue à 16h, personne n’y pense. Et cela va de soi. Toutes les pensées sont tournées vers la disparition de Gloria.
Allons-nous vraiment nous endormir ce soir ? Demande Catherine à ses fils désabusés.
Sans avoir retrouvé notre sœur! S’exclame Elvis qui, malgré son impassibilité, commence à paniquer. Je ne crois pas.
18h sonne et la famille n’a toujours pas écho de Gloria. Catherine a téléphoné à toutes ses connaissances. Mais, excepté ceux qui affirment l’avoir aperçu à l’église, aucune information fiable.
Armand est resté silencieux depuis sa venue au salon. Il s’est peut-être mis à disséquer mentalement toutes les hypothèses possibles. Il a jugé bon également d’écouter les autres.
Subitement, une idée lui vint. Il pense qu’un communiqué peut aider dans les recherches. Il faudrait qu’il soit lu dès demain matin et de préférence à la Radio Nationale. Leur suggère-t-il.
Sans attendre une seconde, Catherine réagit. Je ne suis pas de ton avis mon fils. Je ne crois pas qu’un communiqué serait vraiment efficace. Quels sont les jeunes de l’âge de votre sœur qui écoutent les communiqués ? L’interroge-t-elle.
Et si nous faisions recours au whatsApp ? Suggère Yvan à son tour. C’est ce qui est à la mode. Les jeunes se sont appropriés l’ère du numérique. Même les adultes ne sont pas restés en arrière. Depuis un certain temps, ils gardent tous les yeux rivés sur leurs Smartphones. Yvan essaie de les convaincre.
Catherine est déjà en sanglots. Les larmes coulent à flots sur ses joues. Elle ne parvient plus à se retenir. La nuit est toute noire. Ses fils s’en émeuvent. Contrairement à leur maman, ils se comportent en hommes. Ils tâchent de ne pas fondre en larmes. Ils ne veulent pas la décourager encore plus.
Il est 20h. Plus l’heure avance, plus Catherine se désespère. La famille est plongée dans une détresse sans nom. Elle ne sait pas à quel saint se vouer.
Elvis a constaté que leur maman supporte très mal l’absence de sa fille. Catherine est sur le point de s’effondrer. Alors, il se rapproche d’elle. Il lui passe les bras autour des épaules. Il lui fait des câlins. Une façon d’essayer de la réconforter. Il l’exhorte à aller dormir. Il insiste pour qu’elle garde l’espoir :
Maman, fais un effort. Même si c’est très inquiétant et incompréhensible, ne perdons pas espoir. Nous l’avons certes perdu de vue mais je sens une force qui me rassure que Gloria nous reviendra bientôt. Notre chérie, Dieu veille sur elle. Il nous la renverra. Retiens-toi. Sois forte comme tu l’as toujours été. Nous sommes à quelques heures de nous en sortir. Fais-moi confiance. Va te reposer maman chérie. La nuit nous révèlera la contrée qui a osé nous la priver ce jour.
Consolée, réconfortée et confiante, Catherine dirige ses pas vers sa chambre à coucher.