« Evasion et péril »
Par Yvan Hezagira
Depuis hier, personne ne peut sortir de sa cachette, nous avons déjà passé plusieurs nuits blanches dans une petite tranchée creusée par mon père. Nous y vivons seuls, moi et mon père. Depuis combien de temps déjà ? Je l’ignore totalement, la notion du temps n’a plus de sens pour moi. Nous sortons quelquefois pour nous approvisionner en eau et en nourriture. Je n’ai jamais eu d’amis, je ne connais que mon père. Je crois que la guerre me les a tous volés. Il est tôt le matin, je me réveille pour sortir voir la petite boule dorée qui se lève derrière les montagnes. « Un autre jour peut- être », me dis- je silencieusement. Bien sûr que je doute de pouvoir me réveiller demain, cet endroit est dangereux et personne ne l’ignore. En plus, je ne vais plus à l’école.
En m’entendant sortir, papa se réveilla puis il m’interpella :
- Hé, où vas- tu si tôt ?
- Nulle part.
- Ce n’est pas une réponse que tu me donnes là, tu le sais ?, me coupa- t-il énervé.
- Je veux voir le lever du soleil, papa; répondis- je pour le calmer.
Quelques minutes après, mon père sortit enfin pour me préparer le petit déjeuner. En allumant le feu, il ne voulut pas me demander comment j’avais passé la nuit alors, je continuai de regarder vers l’horizon, me demandant ce qu’il en avait été de la sienne. Quelques minutes passèrent, toujours silencieux, puis je décidai de parler le premier :
- Quand est-ce- qu’on va quitter cet endroit ?
- Je ne sais pas, rétorqua- t-il.
- Je souhaite qu’on parte d’ici le plus vite possible,… je veux revoir ma maman, elle me manque tellement, dis-je tristement.
En voyant mon inquiétude, il s’approcha de moi et me prit dans ses bras.
- Ça va aller fiston, on va s’en sortir, me dit-il tendrement. Je suis toujours avec toi tu sais.
- Je sais. Mais quand est-ce …, il me fit signe de rester calme.
- Nous la verrons un jour, t’inquiètes ! répondit-il un peu perdu.
Je me rendis compte que je venais de le blesser mais avant que je ne lui présente mes excuses, il continua :
- Ecoute petit, la guerre va bientôt être sanglante, il faut te préparer aux pires cauchemars.
- Pourquoi tu me dis ça ? Tu veux me faire flipper ?, demandai-je un peu contrarié.
- Parce que la cloche va bientôt sonner. Sais-tu pourquoi nous nous cachons ici au lieu de rentrer chez nous ?
- Oui, parce que c’est la guerre.
- Et bien gamin, cette guerre ne fait que commencer. Et quand elle débarque, les hommes deviennent des animaux, tout le monde chasse l’homme comme on chasse du gibier.
- Comment sais-tu tout ça ?, demandai-je toujours contrarié
- Je le sens et ce n’est plus une question de jours mais de quelques heures seulement, me répondit-il avec tristesse.
- Ne sois pas triste papa, nous sommes des chasseurs nous aussi, personne ne pourra nous pourchasser facilement, lui dis-je confiant.
- Tu n’y comprends rien gamin, moi je veux que tu me promettes que tu seras sage et prudent.
- C’est promis, dis-je toujours contrarié.
- Ne perds pas de temps, viens manger puis tu iras me chercher de la viande si tu es vraiment un chasseur.
En mangeant, je ne pus comprendre pourquoi il ne voulait pas partir avec moi à la chasse. Alors je lui demandai ce que j’allais faire sans lui.
- Tu feras ce que tu as toujours fait mais,… écoute-moi fiston, s’il t’arrive de me perdre, n’oublie jamais qu’il ne faut pas faire la chasse à l’homme. Ne salis jamais tes mains avec le sang des humains. As-tu déjà vu un cadavre humain ?
- Non.
- Ta maman est morte quand tu étais très jeune, je t’ai élevé tout seul depuis qu’elle nous a quitté. J’espère que tu ne vas pas me décevoir après tout ce que j’ai fait pour toi. Tu m’entends?
- C’est noté papa, répondis-je, les larmes aux yeux.
- Vas-y alors et surtout… prends soin de toi. A bientôt.
- Ok, j’y vais.
Apres dix minutes de marche, je me rendis compte que j’avais oublié ma lance. « Quel idiot ! », me dis-je en me grattant les cheveux. Je fis demi- tour pour aller la récupérer. Arrivé à notre tranchée, je butai sur une pierre et en me relevant je vis le corps de mon père par terre. Quelqu’un venait de le tuer. Avant même que je ne m’approche de son corps, un groupe d’hommes et d’enfants armés de grenades, de fusils, de machettes et de matraques m’encercla. Ne sachant plus comment gérer ma peur, je perdis connaissance.
- Où suis- je ? demandai-je en ouvrant de grands yeux.
- Tu es en enfer petit, me dit un des hommes avec un rire sarcastique. Tous s’esclaffèrent.
- Non mec, il déconne. Tu es un assaillant et les assaillants tu sais où les trouver? Ils sont dans la forêt, m’expliqua un jeune homme.
- Mon père,…où se trouve-t-il ? demandai-je en pleurnichant
Avant d’avoir la réponse, un homme qui dépassait la quarantaine entra.
- Le colonel est là, garde à vous !, fit l’adolescent qui venait de me répondre.
- Relâchez! rétorqua le monsieur. Laissez-nous seuls, soldats!
Tout le monde sortit de la petite tente dans laquelle je dormais puis le monsieur reprit la parole :
- Ton père a été tué, tu ne t’en souviens pas ? Tant mieux.
Il avait un rire tellementmoqueur que je compris facilement qu’il se fichait totalement de ce qui m’était arrivé. C’était un homme de grande taille, avec une moustache et un regard dur. Son sourire n’avait rien d’humain et son rire ressemblait à des aboiements.
- Vous l’avez tué bande de salauds, je vais vous massacrer, lui criai-je très en colère, les larmes aux yeux.
- Ça va passer petit, nous avons cru la même chose à ton âge. Ici, les déserteurs et les traîtres doivent toujours payer dur. Sois-en un et tu sauras comment nous les punissons. Ton père est mort parce que c’était un traître et un déserteur. Tu ne l’as jamais su ? ,…
Je ne trouvai rien à dire, je me contentai de courirdehors tout en larmes. Personne n’aurait pu trouver les mots pour me calmer, tellement j’étais en colère. Mais contre qui ? Oui, j’étais fou de colère contre tout le monde et contre moi-même surtout. Je me culpabilisai pour n’avoir pas sauvé mon père, sans pouvoir pour autant déterminer ma part de responsabilité dans tout ça. Il fallait que je trouve un coupable.
- Qui a tué mon père alors ? Montre-le-moi avant que je le trouve moi-même, m’écriai-je devant l’entrée de la tente.
- Le voilà, me répondit le monsieur en désignant du doigt l’adolescent qui venait de sortir.
Je sentis une rage effrayante en le regardant de loin. Avant que je ne bondisse sur lui, le monsieur me retint :
- Tout doux petit, tu crois qu’il va te laisser faire ? Il va te tuer dès que tu t’approcheras de lui. C’est un animal.
Ma soif de la vengeance se dissipa en croisant ses yeux noirs. Sonregard était sombre comme un léopard prêt à sauter sur sa proie. Sûrement, il n’aurait eu aucune pitié de me bousiller la cervelle. Je marchai donc sur le sentier puis je décidai de m’asseoir sous un arbre. Je pris tout mon temps pour pleurer et me remémorer les moments précieux que j’avais passé avec mon père. Heureusement, personne ne vintme déranger.
Deux heures plus tard, je m’étais déjà calmé quand je vis une silhouette près de moi. Avant de voir qui c’était, je reconnus la voix du tueur de mon père :
- Ce n’est pas moi qui l’ai tué,…
Après un long silence, il reprit :
- A ton âge, mon père a été décapité devant mes yeux, sous prétexte qu’il était lui aussi un traître. Après avoir assisté à cette mort atroce, ils m’ont donné le choix : les suivre ou me trancher la gorge moi-même. Qu’aurais-tu choisi si tu étais moi ? Sois un animal dès demain matin, tu en auras besoin je t’assure. Il se leva.
- Attends, on peut continuer à parler si tu veux, lui dis-je calmement.
- Non petit, il faut que tu ailles dormir, demain nous aurons des tas de choses à faire. Tu sais où dorment les nouveaux? Me demanda-t-il.
- Non.
- Ils dorment dehors s’ils veulent prouver qu’ils ne sont pas des trouillards. Demain matin, tu devras commencer la formation avec les autres.
- Comment tu sais tout ça ?
- Je suis ton supérieur et ton formateur, me dit-il en repartant. Fais comme si tu ne m’as jamais vu si tu me croises. On ne se connait de nulle part toi et moi.
En revenant me voir, le jeune formateur m’apporta un truc à fumer et me dit :
- Fume-moi cette merde, elle va te réchauffer avant le début de la formation.
- Merci mec, tu es génial.
- Quoi? Qui est-ce ce mec dont tu parles? Me demanda-t-il énervé.
- Je m’excuse vraiment, je ne sais pas comment on t’appelle par ici.
- Quand je t’appelle ou quand je te donne un ordre, tu réponds toujours par : « oui, chef ». Pigé ?
- Oui, chef !
- Alors, bonne nuit. Demain tu auras besoin de toutes tes énergies.
- Merci, chef.
Très tôt le matin, nous fumes réveillés par des coups de bâtons et des seaux remplis d’eau froide. Quand tout le monde fut debout, le formateur prit la parole:
- Allez, pauvres mauviettes, c’est l’occasion pour prouver que vous êtes des animaux plutôt qu’une bande d’asticots vulnérables, cria-t-il. Je suis le sergent-chef NANGA Charles. Depuis trois ans, je suis le formateur et le chargé de l’intégration de nouveaux recrus. J’ai aussi des taches spécifiques comme tuer tout déserteur. D’ailleurs, ici personne ne s’échappe, personne ne se cache, ni ne parle sans mon autorisation. Les ordres sont clairs, si vous tenter de ne pas les suivre, je vous tue sur- le -champ. Si vous n’avez plus de questions, bougez vos culs bande d’idiots. Allez, allez, allez,… !
La formation ne fut pas très longue pour moi, elle fut rude néanmoins. Nous étions une centaine au début de l’intégration mais beaucoup ont dû abandonner ou tenter de déserter. Chaque jour, nous avions une nouvelle notion à retenir, des kilomètres à courir dans la jungle, des dizaines de coups à encaisser. Là, beaucoup se blessèrent, d’autres succombèrent à la fatigue, au froid et aux coups de bâtons. Pour manger, la nourriture était servie par terre. Certains tombèrent malades avant la moitié de la période de formation. Ce n’était pas mon cas. Mais évidemment que comme tous les autres, j’ai eu l’idée de m’enfuir à maintes reprises, mais la peur de la mort m’en dissuadait à chaque fois. A la fin de la formation, aucun parmi les survivants ne pouvait marcher. Nous étions à bout de force mais nous étions très heureux d’avoir survécu à toutes ces épreuves. Le soir, nous prîmes place devant un gros feu de joie, nous mangeâmes des brochettes de chèvres, puis ce fut le temps de nous accueillir dans l'équipe. Le formateur prit la parole en premier:
- Soldats, aujourd’hui est un grand jour pour nous tous ici présents, commença-t-il. nous accueillons parmi nous, les nouveaux chasseurs d’homme. Ces jeunes que vous voyez ici devant vous, viennent de suivre la formation la plus dure et la plus pitoyable, faisant d’eux mi- hommes, mi-animaux. Ils ont su montrer leur bravoure et leur détermination en exécutant tous les ordres de leurs chefs et en nous prouvant qu’ils ne sont pas ici pour blaguer. Ils n’auront aucune pitié envers les traîtres. Ils vont chasser, traquer, tuer nos ennemis comme un chasseur à la poursuite du gibier. Suivant notre réglementation, ces soldats devraient recevoir une récompense tant méritée. C’est la raison pour laquelle, mon Colonel, moi, Sergent-chef NANGA Charles, numéro de la matricule 01/786/0096, je présente les noms des survivants de la plus difficile de nos formations. Ces soldats ont su prouver qu’ils méritaient d’être des nôtres. Ainsi mon colonel, j’apporte ici devant leur demande d’intégration dans l’armée des chasseurs d’homme. A vous mon colonel.
- Garde-à-vous! fit une voix.
Quand nous fûmes tous debout, le colonel se releva et nous lui fîmes un salut militaire en signe de respect puis, d’un ton dur :
- C’est un grand jour soldats, très grand surtout pour ceux qui connaissent la valeur d’un chasseur dans la jungle. Les traîtres et les déserteurs ne connaitront jamais ce jour et si vous en croisez un,… tuez-le, ne les épargnez jamais ! Quand tu laisses à ton ennemi le droit de s’en sortir, il sera le premier à t’envoyer des balles dans le dos. Pendant cette formation, comme vous l’avez bien remarqué, seuls les animaux ont pu survivre. Les trouillards et les moins que rien essaient toujours de s’évader. Chez nous, l’arme a sa valeur quand elle a tué un gibier. Je suis sans pitié surtout quand il s’agit de punir les traîtres. Avant donc le début des cérémonies proprement dites, voici devant vous un exemple de traître qui a essayé de nous abandonner, en vain. Je lance donc un appel à tout déserteur, pour qu’il sache qu’il est impossible de partir sans ma permission. Mes soldats ne vous laisseront jamais franchir la frontière de cette forêt. Sachez aussi qu’ici, c’est chez nous. Nous vivons ici et personne ne pourra jamais nous déloger.
Après ce discours, le colonel dégaina son pistolet puis un coup sec retentit. Mon premier réflexe fut de fermer les yeux. En les rouvrant, je vis un corps inerte devant moi et le sang imbibait le sol sur lequel gisait le gamin qui venait d’être abattu.
- Je déteste les traîtres, reprit le colonel en s’essuyant le visage couvert de sang.
« Quelle mort atroce », me dis-je intérieurement.
S’approchant de moi, le colonel me demanda:
- Soldat, quels sont tes projets? Que feras-tu si tu trouves un gibier en train de quitter le campement sans notre permission ce soir ? Prends ceci d’abord, ajouta-t-il en me présentant un AK47.
- Mon colonel, mon projet est d’être sans merci. Si quelqu’un s’avise de partir, je le chasserai jusqu’à sa tombe. Je suis un chasseur et je serai toujours prêt à donner la leçon à celui qui voudra partir.
Tous ces mots sortirent de ma bouche comme si j’étais en train de prêcher. Avais-je oublié les recommandations de mon père? Je ne savais plus ce que j’étais devenu dans les jours qui avaient suivi la mort de mon père. Heureux, le colonel me prit par bras et me dit :
- Bienvenu chez toi soldat!
- Merci, mon colonel.
A la fin des cérémonies d’intégration, je pris l’initiative de faire ma première ronde, tellement j’avais envie de voir un homme mourir de mes mains. Nous avaient-ils formaté la mémoire ? Je l’ignorais. Je pris alors mon fusil et du chanvre et partis m’asseoir sous un arbre. Quelques minutes passèrent puis je sentis quelqu’un s’approcher de moi silencieusement. Avant de le charger avec mon fusil, j’entendis la voix du sergent.
- Tu ne pourras jamais les tuer tous, me fit-il en venant dans ma direction.
- Pourquoi, chef ? Demandai-je
- Quand tu auras tué ta famille, tu comprendras, rétorqua-t-il.
- Je comprendrai quoi ? Pourquoi bordel je butterais ma famille ?
Je fus contrarié par ces mots venant de la bouche de mon supérieur, je n’arrivais pas à comprendre quelles étaient ses intentions. Après un silence, il reprit :
- Savais-tu que je suis le seul à connaitre les passages secrets de cette jungle, sans l’aide du colonel?
- Où veux-tu en venir? Demandai-je, l’air moqueur.
Je n’avais pas envie d’écouter ce qu’il me disait car, peut-être, s’agissait-il d’un piège qu’il voulait me tendre. Il ne fallait surtout pas y tomber.
- Je veux dire que cette vie ne me convient plus du tout, reprit-il, j’ai une idée à te proposer.
- Laquelle? Je t’écoute.
- Veux-tu tuer quelqu’un aujourd’hui? Me demanda-t-il.
- Volontiers, chef!
- Es-tu sûr que tu peux le faire?
- Certainement, chef.
Quelques minutes passèrent sans un mot. Je me demandai pourquoi il était en train de me dire tout cela, à moi. Je ne pus pourtant trouver le courage de lui faire confiance.
- A ton âge, reprit-il confiant, je me postais toujours ici et attendais le premier gars à se pointer sur cette clairière en bas de la colline. Convaincu qu’il s’était échappé, il devenait tout de suite ma proie. Je n’ai jamais loupé une cible, voilà pourquoi je suis devenu le meilleur.
- C’est ce que je désire aussi chef, je voudrai être comme toi.
- Tu voudrais être comme moi? Ne t’ai-je pas dit que je me suis toujours senti malheureux? Me demanda-t-il tristement. Cette nuit, je compte m’échapper et je vais te laisser le choix : sachant que je suis le seul à pouvoir sortir de cette forêt sans l’aide de quelqu’un d’autre, je vais partir et tu me tireras dans le dos. Sinon, tu viens avec moi et on se casse d’ici tous les deux en passant par mes sentiers secrets. Personne ne pourra nous retrouver quand nous serons partis.
- Si tu pars d’ici, je te tire dessus!
- Je suis mort depuis longtemps, me répondit-il en se relevant.
- Stop-là ou je tire ! Lui dis-je en colère
- Vas-y, tire si tu veux, me rétorqua-t-il en allant son chemin.
Je ne savais pas quoi faire. Il ne me suffisait pas de l’entendre dire qu’il était mort depuis longtemps pour le croire sur parole. Alors je décidai d’être rusé et de suivre mon instinct, comme m’avait demandé mon père.
- Tu crois que je suis facile à duper? lui demandai-je.
- Tu penses que je veux te piéger n’est-ce pas? Tu te trompes énormément. Me dit-il en continuant toujours son chemin
- N’avance plus ou je tire!
- Ne t’ai-je pas dit que je suis mort depuis trop longtemps? Me rétorqua-t-il. Tire dans mon dos si ça te chante mais sache qu’après ma mort, tu devras crever ici toi aussi.
Il avait peut être raison mais qu’allai-je faire ? Ne sachant plus comment m’y prendre, une idée me vint soudain: le suivre silencieusement jusqu’à la sortie de la forêt pour m’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un piège tendu depuis longtemps. Après un silence, je lui dis:
- Ecoute-moi bien chef, si tu comptes déserter, saches que tu ne m’échapperas pas. Seulement si tu veux vérifier ma crédibilité, je vais te prouver que je suis très loyal envers mon supérieur. Alors, je vais te suivre mais la moindre maladresse que tu montreras te coûtera la vie.
- Marché conclu. Répondit-il tout excité.
- Relax! Est-ce qu’on a parlé de marché entre nous deux ? Lui demandai-je un peu furieux.
- Allons-y, tu me diras merci quand nous aurons quitté cet enfer. Me dit-il en continuant son chemin.
Nous partîmes derrière les buissons. Il y avait des corps de jeunes et d’adultes partout. Je commençai à trembler en pensant que quelqu’un pourrait nous voir en train de nous évader. Nous marchâmes pendant une heure puis notre marche déboucha au bord d’une petite rivière.
- Nous sommes sauvés,… fit-il en dansant. Jusqu’ici, personne n’a pu nous voir.
- Tu comptes traverser cette rivière je suppose? Lui demandai-je pour cacher mon bonheur.
- Si tu comptes rester ici et y attendre une mort certaine, je ne suis plus avec toi. Mais si tu veux disparaître avec moi, c’est le moment de vérité.
Il déposa son arme par terre et me dit:
- J’ai préparé ce plan depuis des années. Si tu ne veux pas venir, prends mon arme et tue-moi. Après la traversée de la rivière, tu me tires dessus et tu te fais repérer.
Je décidai alors de déposer le fusil à mon tour. Nous reprîmes notre chemin sans armes puis nous croisâmes des militaires en patrouille. Le port d’armes nous aurait été fatal, c’est sûr. Ils nous arrêtèrent et nous posèrent beaucoup de questions avant de nous livrer aux autorités administratives locales qui se chargèrent de nous réintégrer dans la société. Quelques jours plus tard, les militaires partirent en mission de sauvetage des jeunes enfants pris en otage par le colonel. Ce dernier et certains des jeunes soldats y laissèrent la vie.
Les auteurs
Inès Ornella Ngabire
Yvan HEZAGIRA
Egide Nikiza
Jean Claude NDAYIRAGIJE
Augustin BIMENYIMANA
Reccueil publié :
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